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# 7 Le lâcher-prise: Témoignage

Voici un article un peu particulier, car pour une fois il n’est pas écrit par moi, mais par l’une de mes accompagnées. Nous avons décidé toutes les deux de le partager ici afin qu’il puisse être utile au plus grand nombre. Il est beau, il est sincère et surtout il est le reflet d’un mal être que beaucoup partage sans oser l’exprimer de peur d’être jugé.

Bonjour MadameMonsieurPressionSocialNianiania

Pour une fois je n’ai qu’une chose à te dire : TA G***


Laissons la parole à Laura et à son lâcher-prise en 4 actes.


Octobre 2021


ACTE I : ÉTAT DES LIEUX


Premier contact avec Sirine. Je suis à un carrefour de ma vie, et je fais appel à elle pour m’aider à trouver mon chemin. Après des études longues (un Master 2), j’ai travaillé pendant près de 13 ans dans le même métier, dont une dizaine d’années dans la même entreprise.


Cette société, je l’ai quittée depuis 2 ans : un changement d’équipe et un contexte de harcèlement moral (même si j’ai mis du temps à mettre des mots sur ces maux) alliés à des difficultés personnelles ont eu raison de moi et m’ont menée à une rupture conventionnelle.


La vérité c’est que, probablement au bord du Burn out, j’ai saisi l’opportunité d’un appel à départs volontaires dans un contexte économiquement difficile pour mon employeur. Sinon, aurais-je sauté le pas ? Je n’en suis pas certaine.


Deux ans et un bébé plus tard, me voilà donc en visio avec Sirine. Maman au Foyer de fait, je suis arrivée à la fin de mon congé parental et j’ai besoin d’aide pour envisager une reprise d’activité. Si je ne sais pas ce que je veux faire, en revanche je sais ce que je ne veux pas : revivre ma dernière expérience professionnelle.

Mais je suis pétrie de peurs et de doutes : le « problème » venait-il du secteur d’activité ? De cette entreprise ? De mon métier ? D’une lassitude de ce travail ? Ou suis-je moi-même la source de tous mes problèmes ?


Alors que faire ? À la recherche d’un projet professionnel épanouissant et aligné avec mes valeurs, j’ai suivi un programme de bilan de compétence proposé par Pôle emploi. Sans grand résultat.

 

 

ACTE II : LE CHANTIER 


Sirine me propose une approche globale en travaillant sur mon parcours, ma personnalité, mes goûts, mes compétences… gros chantier ! Elle m’aide à comprendre ce que j’ai probablement toujours su sans jamais mettre des mots dessus ou me l’avouer : j’ai toujours navigué à vue sans réel plan pour l’avenir, en faisant ce que je pensais que « les autres » attendaient de moi.


Mes choix ont été guidés par le regard porté sur moi : choix d’une filière d’études valorisante et alignée avec mon historique familial, d’un emploi stable, d’une activité conventionnelle… vous avez le bonjour de la Pression Sociale !

 

Notre travail va donc consister à reconquérir ma confiance en moi :

—         (Re) prendre conscience que j’ai de la valeur, des compétences, et mettre un terme à ce fichu syndrome de l’imposteur !

—         Admettre que j’ai des cartes en main, et que je dois juste (ré) apprendre à m’en servir.

—         Comprendre que je ne suis pas la source d’un problème, mais la clef vers sa solution !

—         Et identifier ce qui m’épanouit pour enfin trouver mon équilibre…

… Vaste programme !


Nous identifions plusieurs secteurs et métiers qui m’attirent et pour lesquels je semble présenter des compétences intéressantes, pour la plupart assez éloignés de mon métier passé, mais étrangement (ou pas) très connectés à mes activités extra-professionnelles.


Mes plus grosses réserves concernent la compatibilité des rythmes de travail exigés par ces activités avec ma vie de famille, mais je suis prête à tester.


Mon CV révisé en alignement avec ces nouveaux métiers ciblés, je tente quelques timides approches du marché qui semblent prometteuses. Mais je ne parviens toujours pas à réellement sauter le pas et à envisager sereinement un retour à l’emploi.


Et voilà ce qui apparaît au fur et à mesure de nos séances :

Je suis heureuse ainsi !


Je peux profiter de mon enfant, et lui donner ce que rien ne peut acheter : du Temps. M’investir auprès de sa crèche, de l’école, participer à leurs sorties et aux spectacles, lui proposer des activités rien que pour lui aussi. J’ai la chance d’avoir un conjoint merveilleux qui a comme moi grandi avec une Maman au Foyer, qui comprend l’importance que peut avoir pour un enfant la présence de ses parents, et qui accepte sans tergiverser l’éventualité d’assurer seul la stabilité financière du foyer. Qui m’a vu lutter aussi, pendant des mois et des années, pour tenter de réussir à faire coexister rythme et pression professionnelle avec nos projets personnels.


Se pose alors la question : si je suis épanouie et que notre situation financière est plus ou moins viable, pourquoi vouloir à tout prix retourner vers l’emploi ?


Parce que si on fait le bilan, j’ai bien plus de raisons de rester à la Maison m’occuper de mon enfant, mon foyer, mon compagnon et moi-même que de retourner vers le monde de l’entreprise…

 

 

ACTE III : LA PRISE DE CONSCIENCE


Alors finalement quelles seraient mes motivations à retrouver une activité professionnelle ? Assurer une rentrée d’argent supplémentaire. Cotiser pour ma retraite. Et la sacro-sainte Valorisation sociale


Car oui, dans notre société moderne, pas facile d’assumer de tourner le dos à ses années d’études et son aisance financière pour un rythme de vie plus apaisé et centré sur son bien-être familial. Pas simple d’assumer un statut qui peut être perçu tantôt comme privilégié (suffisamment à l’aise financièrement pour ne pas avoir besoin de gagner sa vie), tantôt comme sous-doté (inapte à trouver ou à garder un emploi).


Tous les jours, à la télé, dans les journaux, sur les réseaux sociaux, à l’école, à la crèche, nous sommes confrontés à des working-mums qui parviennent apparemment à gérer de front carrière, famille et maison.


À des « mamans Instagram », superhéroïnes des temps modernes à la vie parfaite qui nous feraient passer à nos propres yeux, nous les « simples » mamans au foyer (pas désespérées), pour d’oisives femmes entretenues et à contre-courant des emblèmes féministes.


Seraient-ce les raisons pour lesquelles j’ai mis si longtemps à envisager d’être une « Mère au foyer professionnelle » ?


Cette prise de conscience est un peu gênante… D’une part, je n’avais pas réalisé que je vivais à ce point dans le regard des autres. D’autre part, après tout si je conçois qu’on puisse avoir ce regard sur les parents au foyer, c’est sans doute que je l’ai un peu moi aussi… Je m’étais toujours pensée très ouverte sur les choix de vie des uns et des autres, mais je réalise que si je suis honnête avec moi-même j’ai probablement moi aussi eu un regard parfois un peu condescendant, voire un peu jaloux, envers des mères au foyer.


Pourtant j’ai moi aussi été élevée par une Maman au Foyer que j’admirais (et admire encore) beaucoup pour l’éducation et le cadre qu’elle nous offrait, et qui m’avouait déjà à l’époque être blessée par cette qualification d’« inactive ».


J’étais plutôt bien placée pour savoir qu’un parent au foyer n’est pas oisif : il est une partie de l’étai (=poutre) qui permet au foyer de tenir debout et contribue d’une manière alternative (non financière) au bien-être de son Foyer.


ACTE IV : LE LÂCHER-PRISE 


Comme quoi il n’est pas si simple de déconstruire tous ces mythes…

Un parent qui exerce une activité professionnelle doit-il culpabiliser de consacrer moins de temps à sa famille ? Bien sûr que non.


Un parent au foyer doit-il s’excuser de mettre de côté une éventuelle ambition professionnelle pour s’occuper de sa famille ? Pas plus.


Chacun fait bien comme il veut, comme il peut. Le plus important est d’être au maximum de nos possibilités en accord avec nos besoins, car pour apporter de l’épanouissement à sa famille, il faut être soi-même épanoui.

 

Il m’en aura fallu du temps pour lâcher prise et gravir les marches vers l’acceptation de mon choix (et je suis encore loin d’être à l’abri de redescendre parfois quelques échelons).


Du temps pour simplement accepter que nous n’avons pas tous les mêmes clefs d’épanouissements.


Admettre que si certaines femmes — je peux le comprendre et j’ai même longtemps cru en faire partie — ont un besoin absolu d’exercer une profession pour se sentir complètes, ça n’est pas — ou plus — mon cas.


Réussir à lâcher prise sur le regard des autres et à se remettre sur le devant de la scène. Réussir à ne plus essayer de correspondre à un schéma : apprendre à m’écouter, et à assumer que mon épanouissement personnel ne passe pas par un épanouissement professionnel, que je n’ai pas besoin de travailler pour être heureuse !


Aujourd’hui je fais le choix de penser en priorité aux besoins de ma famille : les miens, ceux de mon conjoint, ceux de mon enfant.

Aujourd’hui, je fais le choix du Bonheur.


Laura

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